Publication F. Baumgarten

Pour les arbres à feuilles caduques des climats saisonniers, le choix du bon moment pour déployer les feuilles au printemps est un pari qui s'inscrit dans une longue histoire évolutive. Trop tôt, tout l'investissement risque d'être sacrifié à cause d'un seul épisode de gel ; trop tard, les ressources rares comme l'eau, les nutriments et la lumière risquent d'être déjà consommées par les plantes voisines concurrentes. Cette bataille se déroule au stade juvénile et seuls quelques arbres s'établissent et atteignent la maturité. Le degré de risque qu'un arbre doit prendre dépend toutefois de sa capacité à se remettre d'un épisode de gel préjudiciable. Dans cette étude, nous avons manipulé artificiellement le moment de l'émergence des feuilles chez pour 4 espèces d'arbres à feuilles caduques dans une expérience avec 960 jeunes arbres. Des traitements de gel artificiel ultérieurs (deux intensités) au stade le plus critique du déploiement des feuilles ont permis d'évaluer le processus de récupération par rapport à des jeunes arbres témoins non gelés.

Nous avons démontré que les espèces ont différentes manières de résister et de se remettre des dommages causés par le gel, ce qui reflète leur stratégie de prise de risque. Alors que la mortalité a atteint jusqu'à 30 % chez le charme et 12 % chez le hêtre européen, elle était négligeable chez le cerisier et le chêne. Les stratégies de récupération comprenaient une priorité claire de la récupération des réserves en sucre par rapport à la croissance (toutes les espèces), le déploiement de bourgeons de réserve dormants (chêne), la repousse à partir de la base de la tige (cerisier) et la sénescence retardée des feuilles (hêtre). Comme la fréquence des événements climatiques extrêmes tels que les gelées printanières tardives ou les sécheresses devrait augmenter dans de nombreuses régions en l'Europe, la capacité à se remettre des dégâts causés par le gel devient un trait fonctionnel de plus en plus important pour la persistance des espèces dans les décennies à venir.